Parlons de peur
Notre amie et conseillère préférée, Oprah Winfrey, dit que nous laissons deux émotions guider nos actions : l’amour et la peur.
Peut-être qu’un jour, je serai capable de donner des conseils judicieux sur l’amour. Pour l’instant, je suis certainement bien positionné pour vous parler de la peur.
Oprah est sur une quête de sauver le monde, collectivement et individuellement, ce qui est génial. Elle sait que si tous les humains choisissaient la peur comme émotion directrice, la vie serait plus sombre. Je lui souhaite tout le succès de l’univers, mais mes objectifs sont un peu plus modestes. Lily Tomlin, une comédienne, avait prononcé ces grands mots : « nous ne sommes pas tous dans le même bateau ». C’est l’angle sous lequel mon travail se base.
J’ai deux points à faire.
Un jour, quand j’avais quarante ans, et je me souviens de ce jour comme si c’était hier, je m’étais fâché contre une personne proche. Cela peut arriver à tout le monde, dans la mesure du raisonnable, et certaines personnes infligent même des actions méchantes ou non réfléchies envers les autres. Cette fois-là, c’était curieux, parce qu’au moment où j’ai repris mes esprits, je savais clairement qu’il n’y avait aucune raison pour moi de me fâcher. J’agissais de façon très naïve, même si la colère était encore présente. J’ai ruminé cet épisode, et j’ai trouvé ce qu’il s’était passé : ma colère n’avait rien à voir avec une frustration, mais plutôt une peur. C’est aussi simple que cela. C’est à ce moment que j’ai réalisé que mes peurs dirigeaient souvent mon comportement sans que je n’en sois consciente.
Cela peut expliquer ma mauvaise habitude de faire des blagues aux funérailles. Elles peuvent être malaisantes. Pourquoi les gens feraient-ils des blagues à ce genre d’événement? Je comprends maintenant.
À mesure que les années sont passées, j’ai commencé à reconnaître que mon estomac se nouait et que mon anxiété entrait souvent en jeu avant même que je sois conscient du problème devant moi. Mon inconscient reconnaît la peur avant que le reste de mon cerveau ne soit prêt à l’admettre. Quelle drôle de manière de vivre.
Tout ce que je dis, c’est que si j’avais compris tout cela il y a une trentaine d’années, cela aurait peut-être facilité les choses et j’aurais peut-être été une personne plus gentille. Je pense qu’Oprah a raison.
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de toujours avouer ses peurs aux autres (en fait, je suis tout à fait certain que ce n’est pas le cas), mais il est très important d’au moins les reconnaître pour soi-même.
Deuxième point. Il y a quelques années, j’ai participé à un dîner d’affaires à Edmonton. Nous n’étions qu’une vingtaine de personnes, aucun d’entre nous ne se connaissait très bien, mais toutes ces personnes dirigeaient des entreprises, ont réussi de manière conventionnelle et avaient atteint un âge mûr.
D’une manière ou d’une autre, je ne sais pas comment, nous avons commencé à parler de méditation, puis nous sommes passés à d’autres techniques de relaxation, comme le yoga, l’exercice, la lecture, etc. Un sujet sur lequel nous avions tant à partager était bien sûr les moyens de traiter l’anxiété. Je me souviens d’avoir marché jusqu’à mon hôtel après avoir pensé que c’était une conversation étrange. En fait, ce n’était pas du tout étrange. Tout le monde pense être seul à avoir des angoisses, alors il peut être très utile de se rappeler que tout le monde en a aussi, y compris les personnes présentes à votre prochaine réunion et celles qui se trouvent en face de vous à table.
Que faire?
La meilleure fin de discours que j’aie entendue a été prononcée par David Johnson, le dernier gouverneur général du Canada. Au moment où il a pris sa retraite de l’Université de Waterloo pour occuper ce poste, j’ai eu la chance de dîner avec lui (en compagnie d’environ 2 500 autres personnes). Voici le dernier conseil qu’il nous donnent :
« Faites preuve de gentillesse envers les autres, et soyez juste envers vous-mêmes. »
J’essaie. Merci beaucoup pour votre lecture.